Manifestation jeudi 10 mars devant le siège de Thales à la Défense pour une véritable politique salariale à la hauteur des enjeux.
Courbevoie, le 08 mars 2022,
Depuis plus d’un mois les salariés du groupe Thales, sous l’impulsion de la coordination des organisations syndicales, se mobilisent tous les jeudis sur l’ensemble des sites en France, pour revendiquer une politique salariale à la hauteur des enjeux, permettant de maintenir le pouvoir d’achat de toutes et tous, de reconnaitre l’expérience et l’accroissement des qualifications des salariés et de préparer l’avenir.
Malgré des milliers de salariés mobilisés tous les jeudis et une pétition signée par plus de 7 000 salariés, la Direction de Thales campe radicalement sur une position dogmatique, préférant privilégier encore plus les marchés financiers et les actionnaires au détriment de ceux qui créent la richesse de l’entreprise: les salariés.
- La communication des résultats du Groupe, jeudi 3 mars dernier, confirme cette orientation ainsi qu’une année exceptionnelle et l’excellente santé économique du groupe:
- Le chiffre d’affaires est en hausse de 5,3% à plus de 16 milliards d’Euro ;
- Les prises de commandes marquent un record historique à presque 20 milliards d’Euro ;
- Un résultat net consolidé de 1,089Mrds€ ;
- Un EBIT de 1649M€ soit 10,2% du Chiffre d’affaires ;
- Un Cash-Flow de 2515 M€ ;
- Un dividende de 2,56€ par action, en hausse de 45%. Thales verse ainsi 40% de son résultat en dividende soit plus de 500 M€ !
- Un programme exceptionnel de rachat de 7,5 millions d’actions (~800M€) pour annulation peut s’assimiler à des dividendes cachés.
Mais est-ce les actionnaires qui ont permis de tels résultats ? Ou les salariés par leur travail et leur engagement ?
Alors pourquoi les propositions de la Direction n’ont quasiment pas évolué depuis le début de la mobilisation des salariés : augmentation limitée à 3,5% mais payée en avril sans rétroactivité au 1er janvier (rétroactivité qui avait été supprimée pour faire face à la crise sanitaire). Il ne s’agit donc pas d’une augmentation annuelle de 3,5% mais de fait bien moins, et devrait à peine couvrir l’inflation.
A contrario, les cadres dirigeants du Groupe continuaient eux de bénéficier, en septembre 2020, en pleine crise sanitaire d’un versement d’actions gratuites puis encore en 2021 d’un nouveau plan d’actions gratuites. Nous rappelons que durant cette période de solidarité au sein du Groupe face à la crise plus de 60% des salariés n’ont eu aucune augmentation.
Autre cadeau fait à cette population de cadres dirigeants : le programme de rachat de 7,5 millions d’actions pour annulation. Ce programme, évalué à environ 800M€ est de très loin au-dessus du budget demandé par les OS dans le cadre d’un passage à une rétroactivité à janvier. En effet cette
rétroactivité correspondrait à un budget de seulement 40M€. La Direction aurait de quoi financer plus de 10 ans de politique salariale en réorientant les fonds dédiés à ce programme.
Une question s’impose, ces moins de 2000 cadres dirigeants, ont-ils contribué seuls aux excellents résultats du Groupe ?
Ce bonus ainsi versé « aux talents » que l’on souhaite garder signifie-il que les talents du Groupe se résume à cette seule population ?
L’Insee prévoit une accélération de l’inflation qui atteindrait plus de 3,5% d’ici à juin 2022. Ces chiffres ne tiennent pas compte des évènements actuels qui vont très certainement encore augmenter le prix de nos achats quotidiens et générer de nouvelles augmentations du prix de l’énergie. Cette situation inédite devrait susciter une écoute plus attentive de la part du Groupe.
Dans un même temps la stratégie de Thales est d’augmenter de façon très conséquente les activités dans les pays low-cost (Inde et Roumanie). Tout cela pour augmenter la compétitivité, afin non pas d’investir dans l’entreprise et les salaires, mais de verser encore plus de dividendes pour les actionnaires.
Un nouvel adage semble voir le jour : Plus l’entreprise performe, moins les salariés en tirent profit !
Dans un contexte international critique pour ne pas dire plus, au regard des d’incertitudes persistantes : matières premières, composants, etc…, il est urgent de repenser les équilibres.
Nous ne pouvons que conseiller à nos investisseurs de relire La poule aux œufs d’or de Jean de la Fontaine et de bien mesurer les choses car en étant un peu moins gourmands ils protègeraient davantage la pérennité du Groupe et donc leurs intérêts à long terme et cela tout en valorisant le principal capital du Groupe, ses salariés.
Face au mépris de la Direction et aux excellents résultats avérés, les revendications intersyndicales sont en fait bien mesurées : un budget de politique salariale au-dessus de 4%, avec le retour à une rétroactivité au 1er janvier avec une sélectivité très réduite. La Direction a décidé de stopper la période des Négociations Annuelles Obligatoires et d’appliquer de façon unilatérale la dernière note de cadrage présentant des éléments bien éloignés de nos revendications. Face à cette attitude, les jeudis noirs de la colère continuent !
Nos 4 organisations syndicales appellent les salariés à venir manifester leur mécontentement ce jeudi 10 mars devant le siège de Thales, Tour Carpe Diem à la Défense à 11H.